Le texte ci-dessous, extrait du rapport du commissaire prussien MAY en 1814, donne une description rapide, mais significative d'une ville industrielle, hérissée de bâtiments d'usines avec leurs hautes cheminées, mais aussi leurs façades noircies par la suie et leurs rivières transformées en cloaques. Il faut croire que, pour un voyageur venant du continent, le spectacle avait quelque chose d'obsédant. Sur ce rapport, voir également fiche G |
Les débuts de la révolution industrielle s'accompagnèrent d'une misère effroyable dans les nouveaux centres industriels, où rien n'avait été prévu pour pallier l'afflux d'ouvriers. D'autre part, un patronat inconscient de ses devoirs et des réalités tenait à sa merci des masses dépourvues de défense et en profitait. Alertée par des industriels alsaciens, connaissant aussi les efforts déployés en Angleterre, l'Académie des Sciences morales et politiques chargea un de ses membres, ancien chirurgien militaire et médecin, le docteur VILLERME, de faire une enquête, publiée en 1840 sous le titre : Tableau de l'état physique et moral des ouvriers dans les fabriques de coton, de laine et de soie (2 vol.). Villermé révéla ainsi la misère des grands centres textiles, et, en particulier, de Lille. (Voir d'autres textes sur Lille dans « 1848 », Documentation Photographique n°5-180, nouvelle édition 1968.) |
Une des conséquences de la concentration des travailleurs dans des villes mal préparées à les recevoir fut la promiscuité des deux sexes et l'immoralité. Les contemporains ont beaucoup insisté sur ce caractère et dénoncé l'immoralité des usines et des logements. Ces critiques doivent être accueillies avec quelques réserves, dans la mesure où elles tendraient à accréditer l'idée d'un état antérieur idyllique, ce qui n'était certainement pas le cas. La concentration rendit plus patents certains vices jusque-là mieux dissimulés grâce à la dispersion de la population dans les campagnes. L'Angleterre pré-industrielle était un pays pauvre, qui connaissait le chômage. Il n'en reste pas moins que, dans tous les pays industriels, les conditions humaines étaient déplorables. Le texte ci-contre est extrait d'un rapport présenté à la Chambre des Lords, en 1842, sur les conditions sanitaires de la population laborieuse. |